Les Bambous

Depuis des millénaires, le bambou accompagne les sociétés humaines par sa croissance rapide, sa solidité et sa beauté. Découvrez ici les atouts de cette plante extraordinaire et comment Bambousol en explore les usages contemporains.

Depuis des millénaires, le bambou accompagne les sociétés humaines par sa croissance rapide, sa solidité et sa beauté. Découvrez ici les atouts de cette plante extraordinaire et comment Bambousol en explore les usages contemporains.

Les bambous : une plante millénaire aux multiples facettes

Le bambou est une graminée (famille des Poacées), plus précisément de la sous-famille des Bambusoideae. Apparu il y a plus de 100 millions d’années, il compte aujourd’hui plus de 119 genres et 1 482 espèces recensées dans le monde, en grande majorité rustiques, résilientes et polyvalentes.

Certaines espèces géantes peuvent atteindre plus de 20 mètres de haut, avec des chaumes (tiges) aussi solides que flexibles. On distingue trois grandes sous-familles :

  • Bambuseae : majoritairement tropicales, ce sont les plus connues et utilisées (ex : Phyllostachys, Dendrocalamus, Guadua)
  • Arundinarieae : des bambous dits « tempérés », adaptés aux climats plus froids (présents en Chine, au Japon, ou en Europe)
  • Olyreae : bambous herbacés, souvent rampants, principalement en Amérique tropicale

Les bambous sont présents sur tous les continents (sauf l’Antarctique) et s’adaptent à une grande variété de milieux. On les retrouve :

  • dans les forêts tropicales humides du Brésil ou du Vietnam,
  • sur les pentes de l’Himalaya à plus de 3 000 mètres d’altitude (Yushania),
  • en zones arides comme certaines régions du Mexique ou d’Afrique,
  • jusque dans des forêts tempérées en Europe ou au Japon (Sasa, Phyllostachys),
  • et même dans des zones périurbaines ou dégradées, où ils peuvent servir à restaurer les sols.

Introduits en France autour de 1800, ils se sont largement acclimatés. Ils étaient pourtant déjà présents en Europe depuis des dizaines de milliers d’années à l’état fossile. Leur capacité unique à se développer par reproduction asexuée via les rhizomes leur permet une colonisation rapide du sol, en l’absence même de floraison.

Deux grands types de croissance rhizomateuse sont observés :

  • Pachymorphe : rhizomes courts et puissants (bambous cespiteux, à croissance en touffe) – on dit également cespiteux.
  • Leptomorphe : rhizomes traçants, qui s’étendent horizontalement et forment de vastes réseaux souterrains.

Morphologie du bambou


L’illustration ci-contre montre les différentes parties du bambou :
chaume, gaines, branches, turion, rhizomes… Un écosystème végétal aussi complexe que fascinant. Nous y reviendront bientôt (c’est la V1)

Une plante ressource écologique

Le bambou est considéré comme l’une des plantes les plus prometteuses pour répondre aux défis environnementaux de notre époque. À la fois pionnière, résiliente, efficace et multi-usage, elle coche de nombreuses cases pour une transition écologique durable.

Croissance fulgurante

Certaines espèces de bambou figurent parmi les plantes à la croissance la plus rapide du monde : jusqu’à 91 cm par jour pour le Phyllostachys edulis (bambou Moso), selon des mesures réalisées en Chine. En conditions optimales, un chaume atteint sa taille adulte en quelques semaines seulement, là où un arbre met plusieurs dizaines d’années.

Cette croissance permet une production continue de biomasse renouvelable, sans nécessité de replantation après la coupe, puisque le système racinaire reste vivant et rejette de nouveaux turions.


Consommation d’eau et résilience agricole

Le bambou nécessite jusqu’à 50 % moins d’eau que la majorité des essences forestières classiques, tout en étant cultivable sans engrais chimiques ni pesticides.

Exemple : en Inde, la culture de bambou (Bambusa balcooa) a été utilisée dans des zones sujettes à la sécheresse pour remplacer des plantations d’eucalyptus trop gourmandes en eau. Résultat : sols restaurés et rendements agricoles améliorés autour des parcelles.


Un puits de carbone remarquable

Selon l’INBAR (Organisation internationale du bambou et du rotin), un hectare de bambou peut capter entre 100 à 400 tonnes de CO₂ sur 10 ans, soit jusqu’à 35 % de plus qu’une forêt tempérée classique à surface équivalente. Cela en fait un allié stratégique pour les politiques de reforestation, de compensation carbone et de lutte contre le changement climatique.

À l’échelle industrielle, des entreprises comme Bambusa Global Ventures estiment que des plantations bien gérées peuvent générer jusqu’à 10 crédits carbone par hectare et par an.


Stabilisation et dépollution des sols

Grâce à son réseau dense de rhizomes et racines, le bambou joue un rôle essentiel dans :

  • la lutte contre l’érosion, y compris sur les pentes instables ou dégradées,
  • la restauration des sols pauvres ou contaminés (phyto-remédiation), comme démontré par plusieurs études au Vietnam et en Afrique de l’Est.

Ses racines fixent le sol, améliorent la structure des horizons, et limitent le ruissellement. Des projets de stabilisation de berges par des bambous (Guadua, Dendrocalamus) sont en cours dans plusieurs régions tropicales.

En France, des entreprises comme PhytoPur ou Bambouassainissement conçoivent des stations d’épuration naturelles à base de bambous. Ces systèmes reposent sur la capacité du bambou à :

  • absorber les nitrates, phosphates et métaux lourds,
  • traiter les eaux grises ou noires en les filtrant naturellement,
  • et transformer les effluents en biomasse valorisable (chaumes, feuilles, compost…).

Un projet pilote installé dans le Sud-Ouest a permis de traiter efficacement les eaux d’un camping de 200 personnes, avec une empreinte écologique minimale, sans électricité ni produits chimiques, tout en produisant des tiges de bambou réutilisables en paillage ou artisanat.


Une plante qui enrichit son milieu

Les chaumes de bambou accumulent naturellement des minéraux (silice, calcium, potassium…), ce qui contribue à enrichir les sols alentour après décomposition ou compostage des feuilles. Ces propriétés rendent également le bambou intéressant pour des usages médicinaux, cosmétiques ou pour des produits naturels de soin des plantes.

Certaines feuilles contiennent aussi des composés antioxydants et anti-inflammatoires (flavonoïdes, acides phénoliques), utilisés en tisanes ou compléments alimentaires, notamment en Asie de l’Est.


Un substitut durable aux matériaux polluants

Le bambou offre une alternative performante à de nombreux matériaux à forte empreinte carbone :

  • béton : certains bétons de bambou peuvent remplacer les aciers de structure dans certaines constructions légères
  • plastique : fibres de bambou utilisées dans des contenants compostables
  • bois tropicaux : le bambou lamellé-collé présente une densité et une résistance similaires à celles du chêne ou du teck
  • tissus synthétiques : fibres textiles à partir de cellulose de bambou, bien que la transformation doive rester raisonnée

Par exemple, une étude menée par l’université de Kyoto a démontré que la fabrication de parquet en bambou émet jusqu’à 70 % de CO₂ en moins qu’un parquet en bois dur tropical.


Un potentiel pour l’économie circulaire

Enfin, le bambou s’inscrit parfaitement dans les logiques d’économie circulaire : chaume, feuilles, racines, poussière… tout est valorisable. On peut en faire :

  • des boissons et aliments fermentés,
  • du charbon actif,
  • du bioplastique,
  • du papier,
  • de l’isolant thermique,
  • ou encore du textile biodégradable.